Publié le 09/05/2025 Par Melody RAVOAHANGY

Le monde de la finance est en perpétuelle évolution, porté par les marchés, les politiques monétaires et les comportements des investisseurs. Pour les néophytes, il peut être difficile de naviguer dans cet univers complexe, que l’on soit un particulier ou une entreprise cherchant à sécuriser ses investissements. C’est pourquoi cet article d’introduction à la typologie des risques financiers, pensé pour un public débutant, offre un tour d’horizon des grands concepts et mécanismes liés aux risques.

Meritis - les risques financiers - introduction


À travers une approche pédagogique et des exemples concrets, nous allons tâcher d’en comprendre les fondements, les méthodes de mesure, les enjeux et les conséquences dans des situations réelles.

Qu’est-ce qu’un risque financier ? 

Avant même de parler de risque financier, il est essentiel de poser une définition claire de ce qu’est un risque. En économie comme ailleurs, le risque est défini comme une exposition à une perte potentielle, associée à un événement incertain. Deux éléments sont au cœur de cette notion :

  • La possibilité de subir une perte (l’exposition) ;
  • Et la probabilité que l’événement redouté se réalise (l’incertitude).

En croisant ces deux paramètres, on peut évaluer la réalité d’un risque. Dans le cas du risque de marché, il s’agit plus spécifiquement d’un risque de perte financière lié à une variation défavorable sur les marchés financiers. Cette définition simple permet d’introduire les différentes formes que peut prendre ce type de risque.

Quels sont les principaux types de risques financiers ?

Le risque de marché 

Le risque de marché lui-même se divise en quatre sous-catégories :

  • Le risque action : correspond à la baisse de valeur de l’action (titre de propriété) détenue par un investisseur.
  • Le risque de change (Forex – Foreign Exchange Market) : concerne les fluctuations entre devises, comme le cours de l’euro face au dollar.
  • Le risque sur les matières premières : découle des variations de prix sur des produits tels que le pétrole, l’or, le blé ou les métaux, souvent causées par des événements géopolitiques ou climatiques.
  • Le risque de taux d’intérêt : survient lorsqu’une banque centrale modifie ses taux directeurs, affectant les rendements des produits obligataires.

Pour mieux comprendre ce dernier, on peut illustrer le cas d’un investisseur qui achète une obligation à 3 % sur dix ans. Si, un an plus tard, le taux directeur monte à 4 %, son obligation devient moins attractive. Il préférera alors vendre sa position pour acquérir une obligation offrant un meilleur rendement. Cette perte d’attractivité constitue le cœur du risque de taux d’intérêt.

Le risque de liquidité

Le risque de liquidité peut prendre deux formes :

  1. Le risque de liquidité action : il survient lorsqu’un investisseur ne parvient pas à trouver preneur pour un actif qu’il souhaite vendre. Par exemple, la baisse de la valeur d’une action, le contraignant parfois à vendre à perte. Un exemple récent est celui des actions Tesla, massivement vendues par des investisseurs inquiets, entraînant une chute du cours de l’action Tesla.
  2. Le risque de liquidité bancaire : à une échelle plus globale, il se matérialise lorsqu’une banque ne dispose plus de trésorerie suffisante pour répondre à la demande de ses clients. C’est ce qui s’est produit en 2008 lors de la faillite de Lehman Brothers, où des retraits massifs des clients ont mis en évidence l’incapacité de l’établissement à répondre à ses obligations.

Le risque de crédit

Le risque de crédit concerne une relation directe entre un prêteur (souvent une banque) et un emprunteur (particulier, entreprise ou État). Il s’agit du risque de non-paiement à l’échéance dans une opération de crédit.

Le risque de contrepartie

Le risque de contrepartie a lieu uniquement sur le marché de gré à gré (transaction bilatérale). C’est le risque que le débiteur n’honore pas ses obligations, entraînant un risque de non-livraison de l’actif. Contrairement au marché organisé, le marché de gré à gré ne dispose pas de Chambre de Compensation, ce qui rend ce risque plus aigu.

Le risque opérationnel

Il est lié à des erreurs humaines, à des défaillances de processus ou à des événements extérieurs. Il peut être involontaire ou, dans certains cas, volontaire. Lorsqu’il est intentionnel, il s’agit d’une fraude. Un cas emblématique reste celui de Jérôme Kerviel en 2008, trader à la Société Générale, qui avait dissimulé pendant plusieurs années des positions spéculatives massives. Cette fraude s’est soldée par une perte colossale pour la banque au moment de la crise des subprimes.

Le risque de non-conformité

Il découle du non-respect des règles juridiques, réglementaires ou déontologiques. Il peut entraîner des sanctions administratives, financières ou judiciaires, et se traduit généralement par des pertes pour l’entreprise concernée.

Quelle est la différence entre risques financiers et risques bancaires ?

Il est important de distinguer le risque de marché du risque bancaire, bien que les deux soient étroitement liés au fonctionnement global du système financier. Les risques bancaires regroupent un ensemble de menaces propres à l’activité des établissements financiers, comme :

  • Le risque de crédit (lié au non-remboursement d’un prêt) ;
  • Le risque de liquidité (incapacité à faire face aux demandes de retrait des clients) ;
  • Le risque opérationnel (erreurs humaines, défaillances techniques ou fraudes).

Contrairement au risque de marché, qui découle de facteurs externes liés aux fluctuations des marchés financiers, les risques bancaires sont directement liés aux pratiques internes, à la gestion des actifs et passifs, et au respect des contraintes réglementaires propres au métier bancaire.

Comment mesurer le risque financier ? Quels indicateurs ?

Il existe plusieurs méthodes, dont deux outils qui sont couramment utilisés pour évaluer l’ampleur et la probabilité de réalisation d’un risque de marché.

La Value at Risk (VaR)

Le premier, la Value at Risk (VaR), est un indicateur statistique qui permet de mesurer, sur une période donnée, l’étendue du risque et la probabilité que les pertes financières se produisent.

Envie d’en savoir plus sur la VaR ?

👉 Découvrez notre article « Vous saurez tout sur la VaR »

VaR illustration

Le bêta

Le second outil de mesure est le bêta, un indicateur qui mesure la volatilité d’un instrument financier, basée sur ses performances passées par rapport au marché. Le bêta est généralement compris entre 0 et 1 :

  • Un bêta égal à 1 signifie que l’actif évolue au même rythme que le marché.
  • S’il est supérieur à 1, il est plus volatil que le marché. C’est le cas des start-ups, très sensibles aux mouvements de marché.
  • À l’inverse, les entreprises publiques présentent généralement un bêta inférieur à 1, traduisant une stabilité.
  • Un bêta inférieur à 0 indique même que l’actif évolue en sens inverse du marché.

Risque de crédit vs risque de contrepartie : deux notions à ne pas confondre

Souvent confondues, ces deux notions de risques doivent pourtant être distinguées :

  • Le risque de crédit concerne une relation directe entre un prêteur (souvent une banque) et un emprunteur (particulier, entreprise ou État). Il s’agit du risque de non-paiement à l’échéance dans une opération de crédit.
  • Le risque de contrepartie, quant à lui, a lieu uniquement sur le marché de gré à gré (transaction bilatérale). C’est le risque que le débiteur n’honore pas ses obligations, entraînant un risque de non-livraison de l’actif. Contrairement au marché organisé, le marché de gré à gré ne dispose pas de Chambre de Compensation (intermédiaire qui sécurise les opérations), ce qui rend ce risque plus aigu.

Envie d’en savoir plus sur le risque de contrepartie ?

👉 Découvrez notre article « Le risque de contrepartie : une menace persistante pour la stabilité »

Le risque de contrepartie : une menace persistante pour la stabilité image noir et blanc

Comment se structurent les marchés financiers ?

Marché primaire vs marché secondaire

  • Le marché primaire désigne le lieu les titres sont émis pour la première fois, par exemple lors d’une introduction en bourse (IPO – Initial Public Offering ou introduction en bourse – ou levée de fonds).
  • Le marché secondaire représente le marché des échanges ultérieurs de ces titres entre investisseurs.

Les deux approches de marchés en finance :

Marché primaire Titres émis pour la première fois : IPO, levée de fonds.Marché secondaire Titres échangés après leur émission initiale.

Marché organisé vs marché de gré à gré

  • Marché organisé : comme Euronext, il est réglementé et standardisé. Les transactions y sont sécurisées par une Chambre de Compensation.
  • Marché de gré à gré (OTC – Over The Counter) : les parties se connaissent et définissent ensemble les modalités de la transaction. Le risque de contrepartie est principalement présent sur ce type de marché.

Les deux types de marchés financiers :

Marché organisé Réglementé StandardiséMarché de gré à gré (OTC : Over the counter) One to one

Le rôle de la Chambre de Compensation

Sur le marché organisé, la Chambre de Compensation joue un rôle central. En France, l’établissement principal est LCH, qui intervient entre l’acheteur et le vendeur pour garantir la bonne exécution des transactions. Voici ses principales missions : 

  • Enregistrer les ordres ;
  • Vérifier la solvabilité des parties ;
  • Valider les conditions de la transaction ;
  • Calculer les soldes nets (compensation) ;
  • Intègrer les opérations connexes (netting) ;
  • Exiger (le cas échéant) des dépôts de garantie (appels de marge) ;
  • Superviser la livraison des titres et le règlement des fonds (en J+2).

Envie d’en savoir plus sur les chambres de compensation ?

👉 Découvrez notre article « Introduction aux notions de clearing et de CCP »

Meritis - chambre de compensation et clearing

Comment cartographier les risques financiers ?

Dans le secteur bancaire, la gestion des risques financiers est au cœur de la solidité et de la confiance. La cartographie des risques permet d’identifier, de hiérarchiser et de surveiller les menaces susceptibles d’affecter la stabilité financière d’une banque.

Les étapes pour cartographier les risques :

  1. Identifier les types de risques : risque de crédit, risque de marché, risque opérationnel, etc. ;
  2. Évaluer la criticité de chaque risque. Il est possible de réaliser une projection à partir des données historiques, puis de déterminer les conséquences potentielles de chaque risque ;
  3. Créer un tableau de pilotage des risques afin d’avoir une matrice visuelle ;
  4. Mettre en place des stratégies de gestion adaptées pour diminuer l’impact du risque.

Exemples de stratégies de gestion du risque financier 

  • Sécuriser les processus internes ;
  • Diversifier les actifs ;
  • Couvrir les expositions (hedging) ;
  • Recourir à la titrisation.

La gestion du risque repose sur une gouvernance rigoureuse, un suivi en temps réel et une adaptation continue face aux évolutions du marché ou aux changements réglementaires.

Trois exemples concrets de risques financiers

Pour mieux ancrer les notions abordées, trois crises financières liées chacune à un type de risque sont analysées.

La faillite de la Silicon Valley Bank (2023)

La Silicon Valley Bank collectait principalement les dépôts des start-ups. Après une vague massive de dépôts, la banque a investi en obligations à taux fixes. Quand la Fed a relevé ses taux directeurs, la valeur de ces obligations a chuté. Face à une panique bancaire, la banque a dû revendre à perte ses obligations pour honorer les retraits, enchaînant :

  • Risque de taux d’intérêt ;
  • Risque action ;
  • Risque de liquidité bancaire.

La crise sanitaire du COVID-19 (mars 2020)

Le CAC 40 a chuté d’environ 38 % en quelques jours. Cette baisse a illustré :

  • Un risque action brutal ;
  • Un risque de taux induit par la réponse de la BCE ;
  • Un risque sur les matières premières, lié à la reprise post-confinement et à l’inflation.

Envie d’en savoir plus sur la La faillite de la Silicon Valley Bank ?

👉 Découvrez notre article « Les faillites bancaires dans l’écosystème américain : le cas de la Silicon Valley Bank »

faillites bancaires dans l’écosystème américain

La crise des subprimes (2008)

La Fed a longtemps maintenu des taux bas, favorisant l’accès au crédit. Quand les taux sont remontés, de nombreux ménages américains n’ont plus pu rembourser, provoquant :

  • Un risque de crédit ;
  • Un risque de liquidité sur les marchés ;
  • Un risque de marché par la chute des actifs adossés aux crédits ;
  • Un risque systémique mondial.

Conclusion : pourquoi comprendre les risques financiers est essentiel

La gestion des risques financiers est un pilier fondamental pour tout acteur économique. Comprendre leur nature, leur mesure et leur impact à travers des cas concrets permet de mieux anticiper les aléas des marchés.

Que l’on soit débutant ou expérimenté, se former à ces typologies constitue une étape clé vers une meilleure maîtrise des dynamiques financières.

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Auteur

Melody RAVOAHANGY

Diplômée d’une École Supérieure de Commerce (ESC Pau – Master Finance et Contrôle de gestion), elle a débuté en tant que Contrôleur de gestion dans un Groupe bancaire (Société Générale). Ayant une appétence pour les sujets transverses en Finance, elle a ensuite rejoint un cabinet de conseil où elle est intervenue en tant que Business Analyst chez BNP Paribas SA. Elle accompagne aujourd'hui Amundi sur différents projets.