Seconde partie de notre série consacrée à l’agilité. Après un 1er article sur les 8 erreurs du Scrum Master en termes d’organisation agile,. Découvrez les 6 erreurs « humaines » les plus fréquentes concernant le management des équipes agiles.
Les entreprises ne se posent aujourd’hui plus la question de savoir si elles doivent passer à l’agilité. Pour autant, elles ne savent pas toujours comment s’y prendre. Si les méthodes agiles et Scrum sont de plus en plus répandues, leur efficacité n’en reste pas moins limitée par un certain nombre d’idées reçues, sources d’erreurs. Après avoir listé, dans un 1er article, les 8 erreurs les plus fréquentes en termes d’organisation de l’agilité, voici les erreurs agile à éviter en termes de gestion humaine des projets.
Quel que soit le projet, l’expérience (bonne ou mauvaise) est souvent le meilleur moyen d’apprendre et de retenir la leçon, bien plus que les belles paroles qui vous expliquent ce qu’il faut faire. C’est pourquoi vous devez diriger une équipe Scrum comme un chef de projet ! Un Scrum Master, comme un coach agile, guide plus qu’il ne conduit. Il se positionne tel un leader serviteur.
Le principe même de l’agilité consiste à faire en sorte que les équipes agiles apprennent d’elles-mêmes à devenir meilleures, à travailler ensemble et à fournir une plus grande valeur plus efficacement par une inspection et une adaptation régulière. En ce sens, un scrum master qui assigne des tâches et dicte l’effort est un anti-modèle agile, la mentalité de type « Command and Control » étant contraire au cadre agile. Donc permettez à l’équipe Scrum de comprendre les choses par elle-même, de commettre des erreurs et d’en tirer des leçons. Voilà comment elle pourra atteindre la satisfaction de devenir une équipe productive par elle-même.
Pour illustrer ce propos, nous avons listé ci-dessous les 6 erreurs les plus fréquemment rencontrées en termes de management des équipes ou de gestion humaine des projets agiles.
Erreurs Agile N°1 : endosser l’entière responsabilité de la livraison
Un problème commun aux organisations qui ont récemment mis en œuvre la méthodologie agile est qu’elles croient qu’une seule personne est responsable de la livraison du produit. Dans les entreprises traditionnelles, on suit la méthode de commandement et de contrôle dans laquelle une personne spécifique est responsable de toutes les tâches du projet, ce qui rend la gestion sans obstacles, simple et plus réconfortante. Dans Scrum, le Scrum Master se voit confier la responsabilité de la livraison du produit. Par conséquent, il se concentre uniquement sur la livraison du produit et non sur la qualité du produit.
Pour éviter cela, le Scrum Master doit faire planifier les projets collectivement, projets dans lesquels chacun est responsable de la qualité et de la livraison du produit. La responsabilité doit alors être partagée par tous les membres de l’équipe Scrum et chaque personne doit respecter ses engagements, comprendre les objectifs du projet et trouver les moyens de les atteindre.
Erreurs Agile N°2 : se positionner comme l’assistant de l’équipe
Le Scrum Master est considéré comme un leader serviteur qui aide les autres membres lorsqu’ils ont besoin d’aide ou lorsqu’ils sont bloqués. Résultat, de nombreux Scrum Masters pensent que leur rôle est uniquement d’assister les membres de l’équipe et de les aider lors de la résolution de leurs problèmes. Cependant, le fait de résoudre les problèmes à chaque fois et d’aider l’équipe risque de rendre ses membres peu fiables voire incapables de résoudre les complexités par eux-mêmes. Vous « créez » ainsi des personnes qui manquent de confiance en elles, et qui comptent en permanence sur le Scrum Master ou toute autre membre de l’équipe pour les aider, sans assumer la responsabilité de leurs actions.
Un Scrum Master doit donc toujours sensibiliser les membres de l’équipe de manière à anticiper les points bloquants et à leur permettre de résoudre les problèmes par eux-mêmes. Objectif : faire en sorte qu’ils s’approprient leurs actions et en prennent la responsabilité. Au fur et à mesure que l’équipe découvre de nouvelles façons de résoudre les obstacles, elle grandit individuellement et collectivement, tout en améliorant ses connaissances et sa confiance en Scrum. C’est pourquoi le Scrum Master doit toujours encourager les membres de son équipe à résoudre leurs problèmes par eux-mêmes afin de devenir à terme une équipe autoorganisée.
Erreurs Agile N°3 : accepter qu’un product owner ne soit pas disponible
Le rôle de product owner peut être très chronophage. Beaucoup de ceux qui débutent ne sont pas prêts à s’engager, ou ne savent tout simplement pas qu’ils doivent s’impliquer autant. Or la collaboration est essentielle dans le monde agile. Les experts business et les développeurs doivent travailler ensemble pour produire le logiciel que l’entreprise souhaite. Cela se fait par le biais d’une communication et d’une collaboration constantes, et de courts cycles de retour d’information pour valider ou corriger le tir. Il faut insister pour que le product owner soit disponible afin de bien spécifier le besoin métier, et qu’il soit suffisamment impliqué pour pouvoir inspecter les livrables et lever des alertes en cas de besoin.
Erreurs Agile N°4 : accepter qu’un product owner centralise les solutions
Scrum est basé sur l’approche du rugby de Nonaka et Takeuchi, où l’équipe est autoorganisée et polyvalente. La toute première chose qu’un chef de produit doit prendre en considération est de donner la liberté à son équipe de trouver une solution alternative à un défi dans le backlog du produit. Cela rend l’équipe plus flexible et permet la collaboration. Selon les directives de Scrum, le product owner n’est pas seulement responsable de l’optimisation de la valeur globale du produit, mais aussi du développement de l’équipe.
La deuxième chose la plus importante à retenir est qu’imposer des décisions sans s’adapter aux changements du marché conduira à l’échec du produit. Il doit considérer chaque version comme une opportunité de croissance pour le produit, pour l’organisation et pour l’équipe.
Erreurs Agile N°5 : communiquer « à travers » le Scrum Master
Souvent, dans les nouvelles équipes Scrum, des membres passent par le Scrum Master pour transmettre leurs messages aux autres. Par exemple, un développeur a une question sur une « user story » : au lieu de s’adresser directement au business analyst, il envoie un email au Scrum Master pour obtenir l’information. Un principe clé de l’agilité est de communiquer en face à face chaque fois que cela est possible.
Le temps nécessaire pour rédiger l’email aurait probablement suffi pour obtenir la réponse directement de la part de la partie prenante. Mais, pour de nombreux développeurs, la communication en face à face est une chose effrayante car ils sont habitués à vivre dans leur monde, sans avoir à communiquer avec l’extérieur. Il s’agit d’un problème de culture ou de personnalité qui doit être surmonté. Il s’agit d’une perte de temps et, surtout, d’un risque accru de mauvaise communication.
Erreurs Agile N°6 : minimiser l’épuisement de l’équipe de développement
Une autre erreur courante commise par le Scrum Master est de ne pas protéger l’équipe contre l’épuisement. Le cadre de Scrum implique de travailler sur le Sprint Backlog et de fonctionner dans un sprint. Le terme « sprint » donne à lui seul l’impression que l’on va vite. Mais c’est se mettre des œillères ! Il existe une approche systématique pour gérer un sprint. L’objectif n’est pas que l’équipe de développement travaille 80 heures par semaine pendant la durée du sprint.
L’épuisement doit être évité et le Scrum Master a pour rôle de signaler quand il se produit ou quand il est sur le point de se produire. Un product owner veut des résultats et il peut pousser fort pour les obtenir. Le Scrum Master doit alors protéger l’équipe de développement en repoussant les limites lorsque la demande est trop forte. Pour cela, il doit suivre la vélocité de l’équipe et l’aider à la planifier. Si l’équipe ne connaît pas sa vitesse de travail, elle risque de s’engager dans une quantité de travail déraisonnable.
Conclusion
En apprenant des erreurs agile des autres Scrum Masters, il est possible de mettre en œuvre un processus de développement adéquat. En résulte alors que les équipes agiles formées par le Scrum Master sont meilleures. De même, tous les avantages du cadre de Scrum peuvent être extraits par l’organisation.
Résultat, le Scrum Master est alors reconnu comme un expert de Scrum et peut bénéficier d’une grande réputation dans l’organisation. Pour toutes ces raisons, s’il parvient à éviter les erreurs courantes et à effectuer son travail de manière irréprochable, le Scrum Master se révèle un atout majeur pour l’organisation.
Pas encore de commentaires