Publié le 03/11/2020 Par Christophe El Harake

La propagation à l’échelle globale du coronavirus au 1er trimestre 2020 et la 2e vague qui a suivi cet automne n’ont de cesse de perturber l’activité économique et financière mondiale. Les investisseurs restent inquiets et partout sur la planète, les marchés boursiers ont subi des milliards de dollars de pertes en quelques jours à peine, enregistrant ainsi fin février dernier leur pire semaine depuis la crise des subprimes. Comment la crise sanitaire du mois de février a-t-elle affecté les principales bourses mondiales ? Quel est l’impact financier du coronavirus ? Comment ce krach boursier peut-il être comparé aux précédentes baisses des marchés financiers, et en particulier aux épidémies passées ? Combien de temps faut-il au marché pour s’adapter ? Quelles sont les dernières prévisions de croissance économique mondiale ? Autant de réponses auxquelles nous tenterons de répondre dans cet article.  

Le 2 mars dernier, à la suite des déclarations de mesures de relance par les banques centrales, certains marchés rebondissaient, effaçant ainsi une partie des pertes de la semaine précédente. Cependant, le lendemain, ils subissaient de nouveau des pertes monstrueuses. Preuve s’il en est de l’instabilité des marchés financiers. Comment alors peut-on expliquer ce phénomène et quelles conséquences peut-on craindre. 

I/ La pire semaine sur les marchés boursiers depuis la crise de 2008 

Bien que l’épisode du coronavirus ait véritablement débuté en décembre 2019, les marchés financiers ont tardé à réagir tant peu d’informations circulait sur le virus. Le très faible nombre de cas recensés ne permettait alors aucune prévision sur sa durée. 

Mais avec l’explosion du coronavirus à travers le monde, ce n’était qu’une question de temps avant que les marchés boursiers ne réagissent au nouveau danger. Le krach s’est finalement produit le 28 février et les principales bourses mondiales ont connu leur pire semaine depuis la crise économique et financière de 2008 :  

  • Les actions américaines ont perdu près de 12 %, soit une perte de plus de 3,5 milliards de dollars. Durant cette période, le Dow Jones, qui regroupe les 30 entreprises les plus importantes de l’économie américaine, a enregistré une performance hebdomadaire de -12 %. 
  • Le MSCI, qui mesure la performance des marchés boursiers de 23 pays distincts considérés comme les plus développés économiquement, a réalisé une performance de -1 % après l’ouverture des marchés européens et jusqu’à -10 % lors de la clôture des marchés. La pire semaine de l’indice depuis octobre 2008. 
  • Les actions européennes ont également clôturé la semaine en enregistrant une perte colossale estimé à plus de 1,5 milliard de dollars, enregistrant ainsi leur pire performance hebdomadaire depuis la crise des subprimes.  
  • Aucun marché n’a été épargné, les actions asiatiques ont subi d’énormes pertes : 
  • La bourse de Shanghai a reculé de 3,71 %. 
  • Le Nikkei 225 a chuté de 3,67 %. 
  • Le Hang Seng de Hong Kong s’est déprécié de 2,42 %. 

II/ Le coronavirus rentre dans l’histoire des plus fortes chutes des marchés  

Le graphique ci-dessous répertorie les crises les plus importantes depuis la crise financière de 1929, faisant ainsi du coronavirus le nouveau krach boursier de 2020.  

crises financières depuis 1929

En effet, la crise sanitaire s’est rapidement développée dans le monde entier, conduisant à une perte globale de plus de 5 000 milliards de dollars. De plus, face à la progression du virus, l’inquiétude des investisseurs pour leurs actions n’a fait qu’augmenter. Une angoisse qui les a poussés à les vendre et à faire baisser mécaniquement la valeur des actions.  

Cependant, si on regarde de plus près les précédentes épidémies et leurs conséquences sur les marchés financiers, nous pouvons souligner que la majorité des actions ont rebondi au cours des 12 mois suivants l’épidémie.  

La société Cresset Capital s’est penchée sur le sujet et a remarqué que le S&P 500 était en hausse un an après le déclenchement de chaque crise. La société de gestion de patrimoine souligne même que, généralement 12 mois plus tard, les marchés non seulement se réajustent mais réalisent également des gains supplémentaires. 

impact financier coronavirus

III/ La spirale pétrolière  

L’épidémie du COVID-19 et les mesures de confinement associées ont provoqué un frein sans précédent dans l’activité économique et un effondrement de la demande de pétrole. Un des plus gros chocs de prix que le marché de l’énergie a connu depuis le premier choc pétrolier de 1973. Durant cette période, les prix du pétrole sont descendus sous la barre des 20 USD le baril pour le Brent, perdant près de 70 % de sa valeur et avec une capacité de stockage approchant ses limites. 

La réduction des voyages par la population et le manque d’activité des usines en raison de l’épidémie ont eu un impact significatif sur la demande de pétrole, entraînant une baisse de son prix. À la mi-février, l’Agence Internationale de l’Énergie prévoyait que la croissance de la demande de pétrole en 2020 serait la plus faible depuis 2011. 

L’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP) s’est alors réunie afin de trouver une solution face à cet effondrement et de réduire la production pour compenser la perte du nombre de demandes.  

Le cartel a initialement conclu un accord de principe pour réduire la production de pétrole d’1,5 million de barils par jour à la suite d’une réunion à Vienne le 5 mars 2020. Cette décision ramenait les niveaux de production au plus bas depuis la guerre en Irak.  

Pendant ce temps, la société d’analyse IHS Markit prédisait une baisse de la demande mondiale de brut de 3,8 millions barils par jour au premier trimestre 2020, en grande partie en raison de l’arrêt de l’activité économique chinoise lié au virus. Elle prévoyait également la première réduction annuelle de la demande de brut depuis la crise financière de 2007-08. 

IV/ Les interventions des banques centrales 

Pour stabiliser les marchés financiers ainsi que l’activité économique – et donc ralentir l’impact financier du coronavirus –, les banques centrales du monde entier ont décidé d’intervenir de diverses manières pour apporter le soutien budgétaire nécessaire. 

Alors que la Réserve fédérale américaine a réduit le taux d’intérêt de 50 points de base pour une fourchette de 1 % à 1,25 %, la Banque du Japon et la Banque d’Angleterre se sont engagées à surveiller de près les marchés et à préserver la stabilité financière. Les banques centrales des pays du Golfe (Arabie saoudite, Bahreïn, EAU) ont également réduit les taux d’intérêt de 0,5 %. 

Quant au FMI et à la Banque mondiale, ils n’ont pas tardé à publier une déclaration commune déclarant qu’ils étaient prêts à freiner la chute des marchés et à aider les pays par tous les moyens nécessaires. 

La Banque centrale européenne (BCE) s’est déclarée « prête » à répondre aux signes de ralentissement. Les autorités chinoises ont quant à elles approuvé un financement de 500 milliards de yuans, soit 71 milliards de dollars, pour fournir des prêts moins onéreux aux petites entreprises qui peinent à reprendre leurs activités. 

Cependant, l’action menée par les banques centrales n’a rassuré ni les investisseurs, ni la population face à la propagation du virus. Si le COVID-19 est en partie responsable des pertes du marché – en raison du manque de connaissances et d’informations sur les conséquences économiques et financières de l’épidémie –, selon certains analystes, une correction importante du marché était très attendue, car certaines actions étaient surévaluées et un réajustement était nécessaire pour se rééquilibrer. L’épidémie de coronavirus n’est finalement que l’étincelle qui a embrasé l’incendie. 

À l’heure où nous écrivons cet article, l’impact financier du coronavirus sur le monde n’est pas encore clair, le virus est toujours actif et la « 2e vague » ne cesse de progresser partout dans le monde. L’histoire va-t-elle se répéter ? Assisterons-nous à un réajustement dans les 6 à 12 prochains mois ? Ou la réalité sera-t-elle différente cette fois ? 

Il n’y a pas de réponse définitive, seul le temps nous le dira. Malheureusement, les plus grandes craintes sont à venir, notamment en ce qui concerne la croissance économique mondiale. L’OCDE a averti que l’épidémie pourrait réduire la croissance du PIB mondial à 1,5 %. 
 

Dans les mois à venir, nous regarderons comment le virus s’est propagé, comment il a affecté le secteur financier et immobilier, mais surtout quel sera son impact sur la croissance mondiale. Devrions-nous vraiment craindre le coronavirus ou plutôt vivre avec ?  

Références

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Auteur

Christophe El Harake

Titulaire d'un Master 2 en Finance de marché à l'Université Paris Dauphine, Christophe est passionné par les marchés financiers. Son objectif ? Rendre la finance accessible à tous ceux qui s’y intéressent, qu’ils disposent ou non de connaissances préalables, et favoriser l’éducation financière des individus.