Publié le 18/10/2017 Par David Burie

Nous vous avons présenté la crypto-monnaie lors du précédent article de ce dossier, une monnaie virtuelle dont la valeur dépend dans la plupart des cas de l’équilibre entre l’offre et la demande. Nous nous attachons dans ce nouvel article à répondre à deux questions évidentes : comment générer cette offre et comment répondre à la demande ?

Générer de la crypto-monnaie : la théorie

La méthode traditionnelle d’obtention de crypto-monnaie est le minage. Le minage consiste à mettre à disposition les puissances de calcul de son matériel informatique pour calculer les transactions des blockchains, valider tout l’historique de la provenance de la monnaie échangée depuis sa création et horodater le nouveau bloc (1). Le nouveau bloc est ainsi ajouté à la chaîne, et n’est plus modifiable ni supprimable. C’est ce principe de validation de la cohérence et de fixation de l’historique des transactions qui garantit et sécurise tout le système.

Cette opération de minage, donc de partage de ressources matérielles, est récompensée par un infime pourcentage de la transaction de la blockchain (en moyenne 0,2% à 0,4%) prélevé sur le portefeuille de l’émetteur, ainsi que d’un montant fixe généré pour l’occasion. Ce montant fixe est divisé par deux périodiquement. En 2016, la récompense fixe pour le minage du Bitcoin était de 25 bitcoins. Actuellement cette valeur est à 12,5 bitcoins. La récompense étant divisée par deux à chaque nouveaux 210 000 blocs générés.

Toutefois, seule la personne en charge du calcul du dernier bloc de la transaction est récompensée du calcul total. Cette opération de minage permet ainsi de poser sa pierre aux fondations du système, tout en étant rémunéré par le fruit du système.

Générer de la crypto-monnaie : la réalité

Dans la théorie, toute machine pouvant se connecter à internet est en mesure de calculer les transactions des blockchains. Dans la pratique, cette opération requérant des processeurs puissants, seuls les ordinateurs récents peuvent se le permettre.

Des outils de minage dédiés

La demande en puissance de calcul étant de plus en plus forte et proportionnelle à la maturité d’une crypto-monnaie, il existe aujourd’hui sur le marché des “mining rigs”, des machines dédiées au minage de crypto-monnaie. Ce sont des minis ordinateurs individuels contenant des processeurs surpuissants, ayant pour seul but de miner des crypto-monnaies, et dont la caractéristique technique principale mise en avant est le nombre calculable de transactions de blockchain à la seconde, le “Hashrate”.

Rig de minage de crypto-monnaie (source : https://www.bitmain.com/)

Les meilleures machines de minage de Bitcoin en octobre 2017 proposent des puissances de l’ordre de la dizaine de milliers de milliards de calculs à la seconde (~10 Terra Hash par seconde). Cette démarche est en revanche très onéreuse. En addition du coût de ces “rigs” de plusieurs milliers d’euros, il faut, en effet, également tenir compte de l’énergie absorbée par ces derniers, qui peut atteindre 1 400 Watts en permanence et de la régulation de la chaleur dégagée en continu. Ceci pour un gain d’environ 0,3 Bitcoin par mois, ce qui revient à environ 1 000 euros par mois en octobre 2017.

Le minage “passif”

Quand on ne dispose pas de cette puissance de calcul, certains optent pour une solution de minage via un navigateur Web. Des sites internet, tels que The Pirate Bay ou Showtime, se sont, d’ailleurs, récemment mis à exploiter illégalement les ordinateurs de leurs visiteurs, en exécutant des calculs de transactions blockchains via les navigateurs web de ces dits-visiteurs. Cela leur a non seulement permis de décentraliser leurs sources de calcul, mais surtout de multiplier exponentiellement leur puissance globale de calcul.

Cependant, même si l’idée est ingénieuse, elle n’en est pas moins illégale, l’opération se fait à l’insu du visiteur du site internet en question, et l’enrichissement financier est personnel, et non rétribué au propriétaire de la machine illégalement exploitée.

Échanger de la crypto-monnaie avec des euros

Comme nous l’avons vu, le minage de crypto-monnaie est plutôt complexe et n’est pas forcément accessible au grand public. Si c’était le seul moyen de se procurer des crypto-monnaies, ces dernières n’auraient probablement pas connu cette popularité. D’autres moyens beaucoup plus simples et rapides permettent d’échanger des crypto-monnaies contre de vraies devises. C’est notamment le cas des plateformes d’échange de devises.

Les plateformes d’échange de devises

Il existe des plateformes d’échange de devises dites classiques, qui permettent à leurs clients de boursicoter sur les devises étrangères, par exemple entre l’euro et le dollar américain, ainsi que sur des valeurs virtuelles. Les plus connues sont Kraken et Poloniex.

L’argent mis en jeu doit au préalable être transféré via un virement depuis votre compte bancaire vers celui de la plateforme. Et inversement, la récupération de vos euros ou dollars américains se réalise via un virement vers le compte d’origine. Ces plateformes proposent également des services de portefeuille de crypto-monnaies, permettant de les stocker de manière sécurisée sur leurs serveurs.

Saisie d’ordre d’achat de Bitcoin avec des euros sur https://www.kraken.com

Sur la plateforme Kraken, par exemple, il est possible d’échanger pas moins de 17 crypto-monnaies différentes, dont le Bitcoin et l’Ethereum, avec des euros, des dollars américains, ou n’importe quelle autre crypto-monnaie parmi la liste proposée. Toutes les options d’ordres proposées sont les options classiques que l’on retrouve sur toutes les plateformes de bourse.

Les plateformes spécialisées

Il existe également un autre type de plateforme, dite spécialisée, qui consiste à “acheter” des crypto-monnaies moyennant une transaction financière similaire à un paiement sur internet. C’est le cas notamment de Coinbase, CoinMama ou encore LocalBitcoins.

Achat de Bitcoin avec une carte bancaire classique sur https://www.coinbase.com

Sur le site Coinbase, il est possible d’acheter et vendre des Bitcoins, des Ethereum et des Litecoins avec sa carte bancaire classique ou par virement comme pour les plateformes classiques décrites précédemment. Une particularité par rapport à ces dernières est la possibilité d’envoyer et de recevoir des crypto-monnaies entre possesseurs. Nous verrons plus tard que cela permet par exemple de régler une vente de service sur internet.

Hormis ces plateformes, il existe également des boutiques physiques et des distributeurs automatiques où l’on peut se procurer des Bitcoins.

Les bureaux de change à Bitcoin

Un bureau de change spécialisé dans les crypto-monnaies, La Maison du Bitcoin, a vu le jour à Paris, où l’on peut échanger des Bitcoins et 200 autres crypto-monnaies contre des euros. Il suffit de s’y présenter avec une carte bancaire, une pièce d’identité et son smartphone, et moyennant une commission dégressive de 10% à 6% en fonction du montant de la transaction, vous repartez immédiatement avec le montant échangé dans votre portefeuille électronique, suivant le cours du marché en temps réel.

Il existe à Montpellier le premier distributeur automatique de Bitcoin, implanté par l’entreprise espagnole Group BTC, qui échange des billets de banque contre des Bitcoins et inversement avec une commission de 4% à 6%.

Distributeur automatique de Bitcoin de Group BTC (source : https://bitcoin.fr)

À vos risques et périls !

Veuillez noter que comme toute activité de finance de marché, l’investissement sur des valeurs boursières est sujet aux aléas de l’offre et de la demande, et que malgré toute la robustesse des crypto-monnaies aujourd’hui, ce sera à vos risques et périls si vous vous décidez d’investir sur ces supports ! Notez bien que ni moi ni ce blog ne vous encourageons à explorer les techniques évoquées ici. Il s’agit seulement de vous décrire une réalité et des faits.

Rémunération par prestation de services classiques

Je vous ai présenté jusqu’ici les différents moyens de se procurer des crypto-monnaies par échange monétaire. Mais comme toutes les monnaies, les crypto-monnaies ne se limitent pas seulement à la spéculation boursière. Un des premiers usages des monnaies virtuelles est l’achat de produits ou de services sur internet. Notez néanmoins que les transactions sont souvent liées à des activités illégales.

Transactions “quasi” anonymes

Un des avantages principaux des transactions financières par crypto-monnaie est le “quasi” anonymat, tout du moins une véritable opacité par rapport à un virement bancaire via l’interface client de sa banque classique. Je dis “quasi”, car si vous vous souvenez du premier article de ce dossier sur les crypto-monnaies, toutes les transactions de la blockchain sont publiées sur son site officiel.

Cependant, il vous faudra bien du courage pour retrouver et identifier une adresse de portefeuille cryptée d’un bénéficiaire et remonter sa trace jusqu’à l’expéditeur, dont la transaction est dispersée au travers des 400 millions de morceaux composant chacun des 487 825 blocs actuels de la Blockchain. Et quand bien même vous arriveriez à retracer tout l’historique pour identifier le portefeuille de l’expéditeur d’une transaction, sachez que les portefeuilles de crypto-monnaies ne sont absolument pas liés à une pièce d’identité, et qu’il est possible d’en créer à tout-va sur n’importe quel ordinateur ou smartphone.

C’est la raison pour laquelle bon nombre de transactions financières illégales sur internet, et plus particulièrement sur le Dark Net ou le Deep Web, se réalisent par des échanges de crypto-monnaies. Cela rajoute une couche d’anonymat parmi toutes les précautions émises par les malfaiteurs.

Une monnaie en voie de démocratisation

Depuis plusieurs années, des sites e-commerce (légaux) acceptent les crypto-monnaies comme moyen de paiement, et progressivement des boutiques physiques s’essayent à ce nouveau moyen de paiement. Cette tendance se démocratise sur tous types de commerces en ligne. Nous y retrouvons par exemple Showroomprivé, un site e-commerce généraliste, Expedia, une agence de voyages en ligne, et des épiceries comme Masalchi.

Le phénomène le plus impressionnant est l’adoption du Bitcoin comme moyen de paiement dans les lieux physiques.

Autocollant sur les vitrines des boutiques (source : https://bitcoin.fr)

En novembre 2016 a eu lieu l’inauguration du passage du Grand-Cerf à Paris, renommé pour l’occasion “bitcoin boulevard”, où 25 boutiques et restaurants acceptent désormais les paiements en Bitcoin. Il est désormais même possible de payer son médecin généraliste ou son dentiste et d’acheter des lingots d’argent avec des Bitcoins !

Jusqu’à maintenant, j’ai toujours pris le Bitcoin comme exemple de crypto-monnaie, car c’est la plus populaire et la plus médiatisée. Il faut cependant savoir qu’il existe aujourd’hui plus d’un millier de crypto-monnaies sur le marché ! Chacune présente ses particularités, et possède ses avantages et ses inconvénients. Dans le prochain article, nous introduirons ces monnaies alternatives et tâcherons de vous expliquer leurs spécificités.


Note :
(1) Pour rappel, le principe de la blockchain est le stockage d’une transaction, répartie sur différents blocs, chaque bloc étant liés entre eux selon une suite logique. Un nouveau bloc est créé lorsque de nouvelles transactions apparaissent. (retour en haut de page)

Vos commentaires

  1. Par Fabio, le 25 Oct 2017

    David, le deuxième épisode est aussi intéressant et clair que le premier, merci !
    Maintenant, par contre, je dois à nouveau attendre le prochain… 😉

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Auteur

David Burie

Passionné par les technologies du web et la finance, David a développé ses compétences au travers de différents projets de transformation digitale et d'accompagnement de clients depuis plus de 6 ans, en tant que business analyst, puis en tant que chef de projet.