Publié le 21/03/2019 Par Jérémie ABENSOUR

Tout le monde a déjà entendu parler des actions mais connaissez-vous les obligations ? Certainement pour les états, et pour les entreprises ? Il s’agit d’un outil de financement, au même titre que les actions. Qu’est ce qui les différencie ? Jérémie nous présente quelques éléments clef pour découvrir ou redécouvrir ce qu’ils sont.

Quelles différences entre le marché de la dette et le marché Action ? Le marché de la dette se définit comme le marché au sein duquel s’échangent les titres de dette. Parmi ces titres, il est possible de distinguer, d’une part, les obligations émises par le trésor pour financer le déficit public et, d’autre part, les obligations émises par les entreprises privées pour financer l’investissement. Ce marché est essentiellement un marché de gré à gré dans lequel les contreparties traitent entre elles. À la différence, le marché Action est celui au sein duquel les titres s’échangent dans la majorité des cas sur un marché réglementé comme Euronext ou le LSE. Alors quel modèle convient le plus à votre entreprise ?

En quoi les titres de dette sont-ils différents des titres en action ?

Pour rappel, une action est un titre de propriété qui donne droit à une participation au bénéfice de l’entreprise ainsi qu’un titre de propriété d’une partie des actifs au bilan de l’entreprise.

Lorsqu’une entreprise émet des actions lors d’une introduction en bourse ou réalise une augmentation de capital pour des investisseurs privés, elle ne crée pas de dette. Dans le cas d’une liquidation de l’entreprise, les actionnaires sont indemnisés en dernier ressort. D’autre part, le fait de détenir une action ouvre le droit à la réception d’un dividende à la suite du vote de l’assemblée générale. Les détenteurs d’actions ont également un droit de vote à l’assemblée générale alors que ce n’est pas le cas pour les détenteurs d’obligation.

À l’inverse, émettre une obligation augmente la dette d’une entreprise au passif de son bilan et l’oblige à payer des intérêts de manière régulière à ses détenteurs. L’entreprise ne peut suspendre le paiement des intérêts de la dette comme elle peut le faire pour les dividendes. Les obligations sont souvent considérées comme un investissement moins risqué que les actions pour au moins deux raisons. Tout d’abord, les volatilités moyennes des rendements obligataires sont inférieures à celles des actions. De plus, en cas de liquidation judiciaire, les détenteurs d’obligations sont indemnisés en priorité.

Quel marché est-il le plus important en montant nominal ?

D’après de nombreuses études, l’investisseur moyen semble beaucoup plus informé du marché Action (tout le monde connaît le cours d’Apple ou celui de Google) que du marché de la dette. Pourtant, ce dernier est beaucoup plus important que le marché Action en valeur nominale. Si on prend l’année 2005 comme référence, on se rend compte du rapport de force entre ces deux marchés de financement. En effet, le montant des émissions obligataires aux États-Unis avoisine les 200 milliards de dollars alors que le montant des émissions d’actions via le marché primaire n’approche « que » les 20 milliards de dollars.

Comparaison entre les nouvelles émissions de dettes et d’actions par les entreprises américaines entre 1996 et 2005

Comparer le montant des titres en circulation à un instant donné

Autre moyen pertinent de comparer le marché de la dette d’entreprise et celui des actions : comparer le montant des titres en circulation à un instant donné. Selon le bureau des gouverneurs de la réserve fédérale pour le quatrième trimestre de 2005, 35,000 milliards de titres de dettes étaient en circulation contre 18,200 milliards d’actions aux États-Unis. Le montant nominal du marché de la dette est donc ici deux fois plus important que celui du marché Action, et ce bien avant la croissance importante du financement par la dette observée depuis la fin des années 2000.

Pourquoi ces marchés sont-ils si importants pour l’économie ?

Le marché de la dette a pour vocation première de financer et de rémunérer ses acteurs en intérêts. Toutefois, une des conséquences les plus importantes de l’existence de ce marché est de fixer les niveaux des taux d’intérêt, et ce à toutes les échéances. Ces niveaux recouvrent une importance primordiale pour les agents économiques dans la mesure où ils influencent les décisions d’épargner ou de financer des biens immobiliers ou de consommation. D’un point de vue macroéconomique, les taux d’intérêt ont donc une influence majeure sur la consommation des ménages et l’investissement des entreprises.

Une forte influence sur la consommation

Le marché Action présente également une importance considérable aussi bien dans l’investissement que dans la consommation des ménages. En effet, le marché primaire Action permet aux entreprises de financer leur investissement avec, par conséquent, un impact direct sur l’investissement des entreprises. De même, une part importante des foyers américains ont investi leur patrimoine en actifs financiers.

Selon la réserve fédérale américaine, 1,8 % des ménages américains détenait des obligations et 20,7 % des actions au 31 décembre 2004. Résultat : la performance de ces marchés a un impact direct sur le patrimoine des ménages et donc sur la consommation. Il ne faut d’ailleurs pas oublier que le système de retraite par capitalisation en vigueur aux États-Unis permet aux retraités de percevoir une rente, liée aux performances des marchés, qui influe significativement sur leur pouvoir d’achat et, en conséquence, sur leur consommation.

Répartition des actifs familiaux en fonction des caractéristiques des familles américaines

Références

  • Bucks, Brian, Kennickell, Arthur and Kevin B. Moore. 2006. “Recent Changes in U.S. Family Finances: Evidence from the 2001 and 2004 Survey of Consumer Finances.”
  • “Flow of Funds Accounts of the United States.” March 9, 2006. Board of Governors of the Federal Reserve System.
  • Mishkin, Frederic and Stanley Eakins. 2000. “Financial Markets and Institutions.” Reading, MA: Addison-Wesley Publishers.

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Auteur

Jérémie ABENSOUR

Après un début de carrière en tant qu'analyste quantitatif, Jérémie travaille dans le conseil pour les établissements financiers depuis 2009. Passionné par la finance de marché, Jérémie aime donner du sens aux équations !