La fonction full stack nécessite des compétences orthogonales entre l’interface web, les métiers, le back, le cadre et les process liés à l’Ops ! Il reste difficile aujourd’hui de trouver le full stack parfait pour son produit.
Mythe ou réalité ? Certains se posent la question de savoir si le développeur full stack (DFS) existe vraiment. Véritable « touche à tout » et « homme à tout faire » du développement, il peut aussi bien intervenir sur des sujets liés au front-end, au back-end et même à l’Ops. Mais concrètement, comment devient-on développeur full stack et comment peut-il s’intégrer au sein d’une équipe transverse ? Nous avons posé la question à deux experts, Gaëtan Eleouet, ingénieur développeur, et Guillaume Fiette, ingénieur conseil. Regards croisés sur le développeur full stack.
Quelles missions le développeur full stack peut-il être amené à exécuter ?
- Gaëtan Eleouet : « Sa particularité est qu’il n’intervient que sur des projets web. Le plus souvent, il lui est demandé de modifier une interface existante et de mettre en production le développement nécessaire. Toutefois, il peut dans certains cas être également impliqué sur une création from scratch. Tout dépend des besoins. »
- Guillaume Fiette : « Il est effectivement amené à évoluer dans le cadre de projets web mais il peut tout à fait être sollicité pour d’autres projets qui impliquerait le développement simultané de plusieurs stacks technologiques. Dans ce cas, deux options s’offrent à lui :
- Soit il va gérer davantage un aspect précis du projet, tel que le développement front end ou back end, et ainsi pallier le manque de développeurs sur l’un de ces deux aspects. Il aura alors un rôle complémentaire.
- Soit il va se positionner comme une courroie de transmission entre les deux profils. Son rôle sera alors d’expliquer les contraintes de chaque profil à l’autre.
Cette 2e option s’adresse davantage aux profils plus expérimentés et techniquement pointus, capables de conseiller tous les développeurs ou de démarrer un nouveau développement. »
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Véritable « réalisateur », le développeur full stack se place en support du scrum master. Au-delà de sa capacité à faire, il est dans la compréhension des métiers des autres. Son rôle : faciliter la transmission des conversations et de sa connaissance des métiers back et front aux autres membres de l’équipe.
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Existe-t-il un profil type du développeur full stack ?
- Guillaume Fiette : « Il doit à la fois être très curieux et témoigner d’une réelle envie d’apprendre sur des sujets très différents. On a souvent une vision experte du développeur full stack avec des connaissances profondes sur tous les sujets. Cette compétence implique alors de sortir de la technique pure et de faire preuve de réelles appétences métier en termes de design d’interface, de rigueur, de veille et d’organisation dans le travail. »
- Gaëtan Eleouet : « Sa curiosité doit également lui permettre de creuser et pas uniquement de comprendre. Il doit comprendre l’architecture globale des systèmes. Pour un jeune diplômé notamment, la fonction full stack permet de découvrir un large spectre de métiers avant d’approfondir un aspect en particulier. Cette proximité et cette connaissance des métiers inhérente aux missions full stack sont un véritable atout dans une carrière. »
Quelle place occupe-t-il dans le développement d’un produit ?
- Guillaume Fiette : « Le développeur full stack est un véritable couteau suisse. En tant que leader technologique, sa vision globale sur le produit front et back lui permet de remplacer n’importe quel membre de l’équipe mais aussi de prendre en charge des points précis selon l’avancée du développement. C’est un leader technologique. »
- Gaëtan Eleouet : « Il peut aussi être appelé architecte dans certaines équipes, mais il exercera alors moins le rôle de développeur. C’est avant tout un exécutant très orienté réalisation. Son rôle au quotidien est donc de « réaliser » au sein d’une équipe de développeurs. Dans un contexte d’agilité, il peut être amené à jouer les développeurs interchangeables pour remplacer un membre au pied levé. En ce sens, il apporte une vraie stabilité à l’équipe et lui permet de garder les pieds sur terre. Mais difficile d’y arriver seul. C’est pourquoi mieux vaut intégrer deux ou trois développeurs full stack qui travailleront ensemble. »
« Le développeur full stack est un couteau suisse du développement et un facteur de stabilité au sein d’une équipe. »
Quelle est la réalité du marché aujourd’hui ?
- Gaëtan Eleouet et Guillaume Fiette de concert : « Attention, car il y a beaucoup de mauvais développeurs full stacks et peu de bons. En effet, certains se présentent comme tels mais peu d’entre eux possèdent véritablement les compétences requises en back et en front. La fonction full stack nécessite des compétences orthogonales entre l’interface web, les métiers, le back, le cadre et les process liés à l’Ops ! Il reste difficile aujourd’hui de trouver le full stack parfait pour son produit. Le plus souvent, les entreprises cherchent un développeur qui soit compétent sur une technologie web, une technologie back et une technologie Ops particulières. »
Comment devenir alors un développeur full stack ?
- Gaëtan Eleouet : « Toutes les écoles d’ingénieurs en informatique forment aujourd’hui des développeurs généralistes leur permettant de devenir rapidement des full stack débutants. Mais en cas de reconversion, il est nécessaire d’être spécialiste sur un domaine et de compléter ses connaissances manquantes. »
- Guillaume Fiette : « Une formation full stack n’a pas de sens en soi car elle inclut au moins trois formations différentes sur chacune des trois technologies front, back et Ops. Il faut toujours plusieurs cordes à son arc et selon le niveau d’expertise demandée, il sera alors possible d’affirmer si on est full stack ou non. »
- Gaëtan Eleouet : « Il est important de retenir que ce n’est pas parce qu’on est développeur full stack dans le cadre d’une mission donnée, qu’on le restera à vie. On reste toujours davantage spécialiste d’un domaine ou deux. Mais lors d’une mission spécifique, on peut en effet être amené à intervenir en tant que développeur full stack. En ce sens, le full stack offre l’opportunité de valoriser l’ensemble de nos expertises. »
- Guillaume Fiette : « Être dév full stack n’est pas un rôle dans l’absolu. Il s’exerce plutôt dans le cadre d’un projet. Mais ce genre de mission est intéressante car elle permet de faire la synthèse de ses compétences. »
Quelles perspectives s’ouvrent à un dév full stack ?
- Gaëtan Eleouet : « Principalement au management de projet et au management humain. Le large panel technique acquis permet également de s’ouvrir aux fonctions d’architecte ou d’expert sur l’un des trois piliers. Mais il est également tout à fait possible de continuer en tant que développeur full stack en renforçant ses compétences et ses connaissances de façon continue. »
- Guillaume Fiette : « En effet, cette option de parcours full stack est très intéressante aussi car l’expérience a ici beaucoup de valeur. Donc le fait d’ajouter sans cesse plus de connaissances apporte une expertise technique complète. Un développeur full stack expérimenté aura toujours plus d’impact qu’un débutant. »
- Gaëtan Eleouet : « Cette capacité à apprendre tout au long de la vie est vraie pour tous les dév, mais pour les full stack, c’est un point critique. La tentation peut être forte de s’arrêter car on a l’impression de maîtriser de bout en bout. Mais être DFS est un choix et une volonté. Ce n’est pas parce qu’on exerce les activités d’un développeur full stack qu’on l’est. C’est parce qu’on choisit de l’être. »
- Guillaume Fiette : « Il faut avoir envie de s’intéresser au produit que l’on développe au-delà du code, en intégrant l‘utilisateur final, la livraison… à sa réflexion. Il y a ce vrai plaisir de sortir du développement pur et d’avoir une vue complète sur l’ensemble du processus d’application. »
Dans quel environnement peut-il s’épanouir le plus ?
- Gaëtan Eleouet : « Dans le monde des startups et au sein des organisations en petites équipes. Ces deux univers intègrent souvent des profils très « versatiles » – faute de moyens pour avoir des équipes spécialisées – qui collent à celui de développeur full stack. »
- Guillaume Fiette : « Plus globalement, je dirais dans toutes les organisations qui ont mis en œuvre un mode d’activité vraiment agile. Le DFS peut alors trouver sa place à côté du scrum master dans un rôle à forte valeur ajoutée. Il pourra aussi s’épanouir dans le cadre de PoC, de développements rapides, et dans des équipes proches R&D ou du support. »
Quelles sont vos recommandations pour devenir full stack ?
- Guillaume Fiette : « Profitez de vos missions pour améliorer vos compétences. J’ai souvent occupé une fonction en back-end et j’ai aujourd’hui l’occasion de faire du front-end. En cherchant à aller de vous-même sur ces sujets, vous verrez ainsi la réalité des choses. La meilleure façon d’apprendre et de faire de la veille, c’est tout simplement de faire. Donc montez un petit site web avec les technologies récentes que vous souhaitez étudier, vous serez souvent surpris par le niveau de difficulté par rapport aux tutoriels. »
- Gaëtan Eleouet : « Rendez-vous dispos pour le rôle que vous souhaitez occuper, c’est très important. Effectuez aussi une veille technologique personnelle active pour vous préparer à occuper le poste de dév full stack le jour où l’opportunité se présentera. Consultez régulièrement les tutos, comparez avec d’autres technos… et testez ainsi vos appétences sur chacune d’elles. Sans cela, jamais vous n’oserez proposer votre aide. Donc il y a un effort personnel à faire pour se mettre en conditions. »
veille techno
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Le full stack est-il ouvert aux jeunes dip’ ?
- Gaëtan Eleouet : « Si on peut vraiment appeler un jeune dip’ un développeur, alors oui, il peut être full stack ! On peut donc être DFS en sortant de l’école mais c’est en étant déjà intervenu sur plusieurs périmètres que vous allez apporter une valeur ajoutée. »
- Guillaume Fiette : « Tout à fait d’accord. On va rarement attendre d’un jeune qu’il soit full stack qui implique d’avoir déjà travaillé de manière formelle au-delà de la seule théorie. »
Quid des développeurs full stack en JavaScript ?
- Guillaume Fiette : « Cela peut être un moyen de commencer mais il serait dommage de se limiter à cette seule technologie ! Le DFS doit apporter une conversation, une expertise donc il faut pouvoir imaginer faire autrement et aller au-delà de ce langage JavaScript. Et pour des raisons pragmatiques, nombre de sites web n’ont pas de back-end en JS donc il est préférable de se diversifier. Un développeur généraliste pourra alors décider, selon le projet, de tout développer en JavaScript ou dans un autre langage. Donc le fait d’être full JavaScript peut en effet vous permettre dans certains cas d’être dév full stack. »
- Gaëtan Eleouet : « Néanmoins, en étant focalisé sur un seul langage, on perd quelque peu cette ouverture d’esprit et cet aspect généraliste qui font la spécificité du dév full stack. C’est pourquoi le DFS sera alors davantage considéré comme un expert JavaScript plus qu’un développeur full stack car il sera enclin à considérer tous les problèmes de la même manière. »
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Gaëtan Eleouet, Ingénieur développeur
Gaëtan est un développeur passionné, il s’intéresse particulièrement à tout ce qui a trait à l’écosystème Java, à l’intelligence artificielle et aux pratiques de développement.
Guillaume Fiette, Ingénieur conseil
Guillaume est initialement un développeur C++ devenu full-stack, par plaisir d’étudier et d’utiliser diverses technologies et paradigmes.
Vos commentaires
Très bon article. Le format « entretien » est intéressant.