Publié le 22/11/2021 Par Gabriel Da Silva Serapiao Leal

GPS, smartphone, véhicule autonome… Qui n’a jamais utilisé au moins une application capable de communiquer avec son environnement ? Pour être performants et répondre à vos attentes, ces systèmes, dit interopérables, doivent être évalués. On vous explique comment dans cet article.

un hommequi se pose des questions

Très souvent, les entreprises doivent planifier des transformations cohérentes de leurs modèles d’entreprise, à la fois organisationnelles et techniques. Objectif : développer et mettre en œuvre des inter-opérations efficaces, tout en travaillant de manière transparente. Comment évaluer alors le degré d’interopérabilité de ces systèmes ? Grâce à une évaluation d’interopérabilité dont l’enjeu principal est de déterminer les forces et les faiblesses des systèmes, et d’identifier les potentiels problèmes et points d’améliorations.

Introduction à l’interopérabilité

Qu’entend-on par interopérabilité ? Les systèmes interopérables ont la capacité à échanger des informations avec d’autres systèmes, et sont à même de comprendre et de manipuler les informations échangées.

L’évaluation de l’interopérabilité peut alors être considérée comme un processus systématique, indépendant et documenté permettant d’obtenir des preuves concernant les exigences d’interopérabilité définies. Il permet également de les évaluer objectivement par rapport à une norme ou à un ensemble de bonnes pratiques afin de déterminer le degré d’interopérabilité du ou des systèmes évalués.

Les processus d’évaluation

Pour mener une telle évaluation, il est important de définir certains éléments. Par exemple, le cadre de l’évaluation, ainsi que les ressources qui seront nécessaires. Par conséquent, dans les sections suivantes, nous nous plongerons dans le domaine de l’évaluation de l’interopérabilité.

Premièrement, nous exposerons les principales activités impliquées dans le processus d’évaluation ainsi que les différents cadres qu’une évaluation peut suivre. Puis, nous présenterons de manière générale les bonnes pratiques à mettre en œuvre afin d’améliorer l’interopérabilité des systèmes. Des pratiques qui pourront être adaptées à un maximum de contextes et de domaines d’activité (industrie, santé, éducation, etc.).

Avant de procéder à une évaluation, il faut comprendre les principales activités d’un tel processus. Dans cette section, nous allons décrire de manière générale le courant principal des activités d’une évaluation de l’interopérabilité.

Le processus en question est essentiellement composé de 5 phases comme le montre la figure ci-dessous :

Principales phases du processus d'évaluation
Principales phases du processus d’évaluation (source: Gabriel Leal)

Le cadrage de l’évaluation

La définition du cadre est la phase la plus importante. Elle servira de fondement à toutes les décisions ultérieures au cours des prochaines phases et activités.

Le premier élément du cadre de travail est le contexte général. Ce contexte est étroitement associé au contexte du projet d’interopérabilité. Il indiquera quelle partie de l’organisation (quels systèmes) sera concernée par l’évaluation.

Les autres éléments sont :

  • Le but ;
  • L’objet de l’évaluation ;
  • Les mécanismes d’évaluation ;
  • Les participants ;
  • Le lieu ;
  • La durée ;
  • Et le coût.

Le but de l’évaluation

Quel est le but de l’évaluation ? C’est sa justification. Il transcrit les désirs et les besoins des parties prenantes. Il est étroitement lié à l’objectif du projet d’interopérabilité, voire il est identique. L’objectif identifie les types d’évaluation à adopter.

Il existe trois principaux types d’évaluation :

1. La maturité d’interopérabilité d’un système

Il évalue l’état actuel du système et la maturité au regard des principes d’interopérabilité adoptés. Cette évaluation se concentre uniquement sur un système et sur sa maturité pour interagir avec son environnement. En effet, il se concentre sur la capacité d’un système à s’adapter de manière dynamique afin de surmonter d’éventuels problèmes lors de l’interaction avec d’autres systèmes à l’avenir. Les pratiques du domaine (par exemple, les normes, les réglementations, etc.) et les pratiques d’interopérabilité de base devraient être utilisées comme base pour évaluer les systèmes.

2. Le potentiel d’interopérabilité entre deux systèmes

Il évalue la capacité d’interopérabilité de deux systèmes connus. Il se concentre sur l’analyse de l’état actuel des deux systèmes concernant l’identification des conflits (par exemple : conceptuels, technologiques, etc.) qui causent ou peuvent causer des problèmes.

3.La performance d’interopérabilité entre deux systèmes

Elle évalue la qualité, le coût et le temps des inter-opérations entre deux systèmes. Elle prend en compte les coûts induits par la mise en œuvre et l’exécution de solutions interopérables, le temps nécessaire entre le moment où les informations sont demandées et celui où les informations demandées sont utilisées, la qualité de l’échange, l’utilisabilité et la conformité des informations.

L’objet de l’évaluation

Il s’agit du (des) système(s) à évaluer. Dans cette partie, il convient d’identifier les systèmes et relations (internes et externes) qui seront prises en compte lors de l’évaluation.

En fonction du système concerné et du type d’évaluation, les exigences d’interopérabilité à vérifier devraient également être mises en évidence. Ces exigences définissent les besoins des parties prenantes en matière d’interopérabilité et doivent couvrir tous les aspects d’interopérabilité pertinents (sémantique, syntaxe, infrastructure technique, procédure, alignement stratégique, juridique et sécurité).

Il est important d’avoir une vision globale du ou des systèmes, et de leurs exigences d’interopérabilité pour faciliter l’identification des interdépendances entre ces exigences et des impacts potentiels au sein du ou des systèmes.

Les mécanismes de l’évaluation

Les mécanismes de l’évaluation font référence aux approches et aux outils utilisés dans le processus. Par exemple :

  • Les approches de collecte et de validation des données ;
  • Les approches d’analyse qualitative ou quantitative des exigences d’interopérabilité ;
  • Et les approches d’agrégation et de synthèse des résultats d’analyse.

Ces mécanismes représentent toutes les méthodes, procédures, approches et méthodologies pour soutenir l’évaluation de l’interopérabilité.

Les participants de l’évaluation

Les participants se composent de toutes les parties impliquées dans l’évaluation, qu’elles soient actives ou passives. Les plus actifs lors de l’évaluation sont le sponsor, le ou les évaluateurs, et le leader de l’évaluation. Ces participants sont responsables du cadrage, de l’exécution, de l’analyse et de la synthèse des résultats.

Les participants passifs, quant à eux, sont ceux qui ont le plus de soutien lors de l’évaluation. Par exemple, toute personne interrogée lors d’un entretien ou qui fournit les informations demandées, etc.

Le tableau suivant décrit les principales responsabilités de chacun :

ParticipantDescription
SponsorParticipe à la définition du périmètre d’évaluation. Responsable de la validation du périmètre.
LeaderCoordonne l’équipe d’évaluation. Responsable de résumer et de présenter les résultats de l’évaluation.
ÉvaluateurEffectue des entretiens et des analyses. Responsable de fournir les résultats de l’analyse au leader de l’évaluation.
Participants passifsFournit les informations demandées par le biais d’entretiens, d’ateliers ou de tout autre moyen.
Tableau 1. Les rôles des participants

Les lieux de l’évaluation

Il est également important d’identifier les endroits où l’évaluation sera effectuée. Si plusieurs organisations sont impliquées dans l’évaluation, il est essentiel de spécifier un emplacement auquel toutes les parties prenantes peuvent accéder.

Il devrait inclure (a) un espace physique pour les réunions, les entretiens, ainsi que l’infrastructure qui sera utilisée ; et (b) le cyberespace, y compris le logiciel qui sera utilisé pour effectuer l’évaluation.

La durée de l’évaluation

Cet élément fait référence au temps prévu qui sera consommé pour effectuer toute l’évaluation. Il englobe la boîte de temps pour chaque activité comme les entretiens, l’analyse, etc. Il fixe également les délais pour chaque activité.

Les coûts de l’évaluation

Le coût attendu de l’évaluation dépend de la manière dont elle sera organisée, des ressources nécessaires et des personnes qui y participeront.

Par exemple, l’équipe d’évaluation peut être composée de consultants internes, externes ou d’un mélange des deux. Les différentes configurations de l’équipe d’évaluation peuvent influencer le coût des ressources humaines. Le temps passé par le sponsor et les autres participants doit également être pris en compte. Par conséquent, il existe une corrélation entre le temps passé et le coût attendu de l’évaluation. Le coût de l’infrastructure informatique, des logiciels et des applications nécessaires doit également être inclus dans le coût de l’évaluation.

Mise en place de l’évaluation

Une fois le cadrage défini, il faut passer à l’action. Cependant, avant de commencer à interroger les participants et à analyser des documents et des modèles, il faut préparer l’évaluation. En d’autres termes, préparez toutes les ressources et assurez-vous que tous les participants comprennent les prochaines étapes de l’évaluation.

Le responsable et les évaluateurs doivent préparer toutes les ressources nécessaires – comme les questionnaires et la liste des documents à analyser –, réserver les salles de réunion et s’assurer qu’ils ont accès aux différents logiciels et applications concernés.

Une réunion de lancement après la définition du périmètre est une bonne pratique. À cette occasion, les principales parties prenantes s’accordent sur les actions et les ressources pour réaliser ce que l’on attend de la portée de l’évaluation. Effectuer un compte rendu de cette réunion est également intéressant car tous les fournisseurs d’informations n’y participeront pas.

Collecte et validation des données

La collecte de données est cruciale pour toute évaluation. Sans informations pertinentes, il est impossible d’effectuer une analyse cohérente et de prendre des décisions éclairées.

Cependant, il est important de valider les données recueillies. Cela signifie que les sources doivent être fiables et qu’il faut fournir la quantité de données la plus exhaustive. La raison : des données manquantes peuvent conduire à des interprétations erronées et à un désalignement avec la réalité.

À noter qu’il existe plusieurs mécanismes de collecte et de validation des données.

Analyse et notation des systèmes

C’est dans cette phase que les évaluateurs commencent leurs entretiens, leurs documents, leurs modèles et leur analyse de logiciels. Il s’agit de la phase dans laquelle les fournisseurs d’informations sont les plus sollicités. Leur soutien est crucial pour le bon déroulement de l’évaluation.

Sur la base des données analysées, les évaluateurs doivent noter leurs découvertes, d’une manière qualitative ou quantitative. Enfin, le responsable doit centraliser les résultats et les résumer. Des résultats qui, lorsqu’ils sont partagés avec une autre partie prenante, doivent être clairs et simples. La situation actuelle et les points faibles doivent être bien dessinés.

Discussion des résultats de l’évaluation

Les discussions suivant la présentation des résultats sont les bienvenues. Cependant, ils doivent s’orienter vers un consensus et ne pas mettre en péril ce qui a déjà été convenu pendant la portée. Si les parties prenantes ne parviennent pas à un consensus et à un accord sur les résultats de l’évaluation, celle-ci doit être repensée encore et encore.

Une fois les parties prenantes d’accord avec ce qui a été mis en évidence, les solutions potentielles et les meilleures pratiques peuvent être identifiées et recommandées par l’équipe d’évaluation et par les experts du domaine. Ces recommandations sont énumérées et explorées pour aboutir à une décision. Certaines pratiques sont mises en évidence dans la section suivante.

Les bonnes pratiques

Nous considérons les meilleures pratiques présentées ci-dessous comme parmi les plus pertinentes pour développer l’interopérabilité. Elles sont liées aux différents aspects de l’interopérabilité.

Ces pratiques sont basées sur l’expérience des auteurs, l’European Interoperability Framework et le Framework for Enterprise Interoperability.

Les apets d’interoperabilitéBonne pratiques
SémantiqueIdentifier les termes, concepts, attributs, propriétés des données utilisés par les systèmes impliqués ou impliquées dans le projet d’interopérabilité.Documenter les processus liés à l’interopérabilité en utilisant des pratiques de modélisation largement acceptées.
SyntaxDéfinir les correspondances syntaxiques pour les schémas de données.Utiliser des normes bien établies dans l’industrie telles que XML, JSON, etc. (de nouvelles normes et techniques peuvent être utilisées si l’efficacité est prouvée).
Infrastructure techniqueConfigurer les systèmes de stockage de données pour assurer un accès automatique aux données.Construire une infrastructure partagée de services et de sources de données réutilisables que tous les systèmes concernés peuvent utiliser.
ProcéduresDéfinir les processus de travail collaboratif.Convenir de la manière dont les processus de fourniture de biens et de services doivent être alignés.Définir les responsabilités et les autorités de chaque système et acteur impliqué.Garantir les compétences et les aptitudes d’apprentissage nécessaires pour remplir efficacement les rôles définis pour les acteurs.
Alignement stratégiqueIdentifier l’activité centrale de l’organisation (ou des organisations) qui pourrait être ouverte à l’interopérabilité.Assurer l’alignement entre les objectifs stratégiques et l’infrastructure technologique mise en œuvre ou à mettre en place pour atteindre ces objectifs.
JuridiqueDiscuter des obligations formelles pour la durée de l’interopérabilité avec les partenaires externes.Établir des accords d’interopérabilité dans toutes les organisations partenaires, complétés par des accords opérationnels et des procédures de gestion du changement.Les droits de propriété intellectuelle sur les informations échangées et les méthodes de travail doivent être bien définis.
SécuritéCertifier que les utilisateurs sont confiants dans la transmission des données sensibles en toute sécurité et dans la réalisation d’opérations protégées entre les deux organisations.
Table 2. Les bonnes pratiques pour l’interopérabilité des systèmes

Conclusion

Dans cet article, nous avons présenté un processus pour l’évaluation des systèmes interopérables. Ces systèmes sont de plus en plus présents dans nos environnements hyperconnectés. Environnements avec lesquels les applications que nous utilisons au quotidien, dans notre vie privée ou au travail, doivent être capables de communiquer et d’inter-opérer.

Pour assurer la qualité des inter-opérations, une évaluation est donc cruciale. Pour la mener, plusieurs principales étapes sont nécessaires ainsi que des bonnes pratiques. C’est la base de toute évaluation.  

Références

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  2. Panetto, H. et al. New perspectives for the future interoperable enterprise systems. Computers in Industry 79, 47–63 (2016).
  3. Naudet, Y., Latour, T., Guedria, W. & Chen, D. Towards a systemic formalisation of interoperability. Computers in Industry 61, 176–185 (2010).
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  9. Chen, D. et al. DI.3: Enterprise Interoperability-Framework and knowledge corpus-Advanced report Deliverable DI.3, INTEROP NoE (Network of Excellence on Interoperability research for Networked Enterprise). https://web.archive.org/web/20210127092208/https://interop-vlab.eu/interop/ (2007).

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Auteur

Gabriel Da Silva Serapiao Leal

Au cours des six dernières années, Gabriel a été toujours appliqué à la résolution des problèmes liés aux systèmes d’informations quel que soit le domaine d’application. Titulaire d’un Doctorat en Informatique, il est attiré surtout par la inter-opérations entre systèmes complexes, la modélisation des systèmes et la transformation numérique.