Créée en 2009, la monnaie virtuelle Bitcoin a atteint le 11 décembre la barre des 17 000 dollars. La crypto-monnaie a ainsi vu sa valeur multipliée par 18 lors de l’année 2017. Une augmentation exponentielle de son cours due à plusieurs facteurs : la spéculation, une demande forte, la reconnaissance de la crypto-monnaie par la Bourse de Chicago notamment. Si les banques centrales mettent en garde contre l’investissement en Bitcoins, l’année 2018 pourrait encore être florissante pour la monnaie virtuelle. David Burie, chef de projet et spécialiste des crypto-monnaies chez Meritis revient sur ce boom du Bitcoin.
Qu’est-ce qu’un Bitcoin ?
David Burie : Le Bitcoin est une crypto-monnaie inventée en 2009 par un développeur (ou un groupe de développeurs) de logiciel sous le pseudonyme de Satoshi Nakamoto et exploitant l’algorithme SHA-256 comme système de preuve de travail. Aujourd’hui, personne n’a été identifié formellement comme inventeur du Bitcoin. L’émission de Bitcoins est limitée à 21 millions d’unités et la monnaie est divisible jusqu’à la huitième décimale. Pour rappel, une crypto-monnaie est une monnaie électronique dont la génération et les transactions sont cryptées.
Je souhaite investir, comment faire pour acheter des Bitcoins ?
Il existe des plateformes d’échange de devises dites classiques, qui permettent aux clients de spéculer sur les devises étrangères, ainsi que sur des valeurs virtuelles. Les plus connues sont Kraken et Poloniex. Il existe également un autre type de plateforme, dite spécialisée, qui consiste à “acheter” des crypto-monnaies. C’est le cas notamment de Coinbase, CoinMama ou encore LocalBitcoins. Il faut posséder un portefeuille, physiquement, cela ressemble à un disque dur ou une clé USB où l’adresse privée est stockée. Les plateformes proposent de conserver le portefeuille Bitcoin dans leur Cloud avec garantie de la protection du portefeuille. En théorie, le portefeuille ne disparait pas. On trouve désormais des boutiques physiques où l’on peut acheter des Bitcoins en espèces ou en carte bancaire.
A quoi sert le Bitcoin et que peut-on régler avec ?
Le Bitcoin est une monnaie qui permet de réaliser des achats exclusivement sur Internet. Certaines enseignes physiques commencent à accepter le Bitcoin comme moyen de paiement. Si le Bitcoin a été utilisé sur le Dark Web pour des transactions illégales comme des ventes d’armes ou de drogue, le Bitcoin n’a pas été créé pour servir de monnaie aux trafics illégaux. Il s’agissait de créer une monnaie virtuelle qui permette de réaliser des transactions rapides, très peu coûteuses et surtout fiables et anonymes. Ces atouts du Bitcoin ont poussé des trafiquants à s’intéresser à la crypto-monnaie pour leurs échanges d’argent et la justice américaine n’a pas manqué de s’y intéresser. Le FBI a annoncé la fermeture du site Silk Road en octobre 2013, spécialisé dans la vente de drogue. Selon l’agence fédérale américaine, le site a permis près de 1,2 million de transactions entre février 2011 et juillet 2013 pour un montant global de 9,5 millions de bitcoins, soit près de 1,2 milliard de dollars au cours de l’époque du Bitcoin. La fermeture de Silk Road a eu un impact sur le nombre de transactions en Bitcoin et sur le cours de la crypto-monnaie, les deux chutant brusquement.
Qui peut créer des Bitcoins ?
La création de Bitcoins se fait exclusivement par le minage. Le minage consiste à mettre à disposition les puissances de calcul de son matériel informatique pour calculer les transactions des blockchains, valider tout l’historique de la provenance de la monnaie échangée depuis sa création et horodater le nouveau bloc. La génération de nouveaux Bitcoins est donc la récompense de ces calculs.
Au 1er janvier 2017, un Bitcoin valait 970 dollars (824 euros). Le 29 novembre, son cours dépassait le seuil symbolique des 10 000 dollars (8 523 euros) et le 8 décembre, le Bitcoin perçait la barre des 15 000 dollars (12 700 euros). Comment expliquer cette flambée ?
Depuis novembre 2017, le Bitcoin est adoubé par la Bourse de Chicago, ce qui a fait bondir le cours de la crypto-monnaie. La Bourse de Chicago devient ainsi le premier opérateur à fournir un cadre réglementé au bitcoin et à proposer aux investisseurs, d’ici à quelques semaines, des contrats sur la monnaie virtuelle. Il s’agit d’une forte reconnaissance. Aujourd’hui, 16,7 millions d’unités Bitcoin sont sur le marché. Comme l’émission est limitée à 21 millions d’unités, les investisseurs sont extrêmement intéressés pour acquérir des Bitcoins, ce qui a également comme impact de faire grimper la valeur. Ainsi, la demande demeure bien plus forte que l’offre, ce qui tire la crypto-monnaie vers le haut. Depuis le début de l’année, des particuliers et surtout des fonds d’investissement en achètent de grandes quantités. L’importante exposition médiatique, notamment cette année, a encore amplifié le phénomène Bitcoin.
On constate également une importante spéculation autour de la monnaie virtuelle, surtout depuis le début de l’année. La capitalisation du Bitcoin atteint 256 milliards de dollars, soit plus que celle de Coca Cola. Et depuis novembre, la croissance est exponentielle.
Alors, en 2018, faut-il investir ?
Malgré une forte volatilité, sa croissance reste exponentielle. Certains analystes prévoient un cours du Bitcoin qui pourrait atteindre 100 000 dollars par unité. Pourtant, la limite d’émission de 21 millions de Bitcoins peut engendrer, une fois ce chiffre atteint, un désintéressement pour la valeur, celle-ci ne générant alors plus de nouveaux Bitcoins. Si les possesseurs de Bitcoins ne sont plus récompensés pour partager leurs ressources, ils pourraient se détourner de la crypto-monnaie. Et la croissance fulgurante de la valeur pourrait bien faire atteindre à la crypto-monnaie les 21 millions d’unités en 2018. Dans ce cas, rien ne laisse présager que le Bitcoin atteindra un jour les 100 000 dollars. Néanmoins, d’ici à ce que les 21 millions d’unités soient atteintes, je ne vois pas le marché se retourner au vu de la tendance actuelle. Il est fort probable que la valeur augmente encore en 2018.
Peut-on parler de bulle spéculative ?
En théorie, le cours du Bitcoin ne peut qu’augmenter. Il faut pourtant bien parler de bulle spéculative autour de la monnaie virtuelle. La bulle devrait exploser un jour ou l’autre, aussi du fait de la limitation du nombre de Bitcoins. En cas de chute de la valeur, les possesseurs de Bitcoins pourraient paniquer, ce qui aurait comme effet d’accentuer la baisse, la valeur étant extrêmement volatile.
Le Bitcoin est-il un danger pour la stabilité financière mondiale ?
Le Bitcoin et l’explosion potentielle de la bulle n’auront pas un impact significatif sur la finance mondiale. Ce marché reste limité en termes de nombre de personnes potentiellement touchées. Si la crypto-monnaie rencontre un succès croissant, une personne lambda qui a du mal à surfer sur le Net sera vite découragé de se convertir au Bitcoin.
Quelle est la réaction des banques centrales face à l’explosion du Bitcoin ?
Les banques centrales commencent à s’intéresser au Bitcoin et à son impact sur l’économie. Comme les transactions ne s’effectuent pas en monnaie « classique », les gouvernements ne récupèrent pas la TVA, ce qui pose un problème fiscal aux Etats. Par ailleurs, les plus-values potentielles réalisées sur le marché de la spéculation du Bitcoin échappent à l’administration fiscale. Investir en Bitcoins, cela peut être un moyen d’évasion fiscale, voire de blanchiment d’argent. L’autre crainte des banques centrales réside dans la popularisation du Bitcoin et du possible désintérêt pour les monnaies classiques. Mais le remplacement des monnaies réelles par le Bitcoin n’est pas pour tout de suite. Il faut rappeler que nous n’en sommes qu’aux prémices des crypto-monnaies.
Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau met en garde les potentiels investisseurs, estimant qu’ils le faisaient « totalement à leurs risques et périls ». Même son de cloche à la Banque Centrale européenne qui a expliqué, par la voix de Vitor Constancio, son vice-président, que « ce (le Bitcoin) n’est pas une monnaie, mais un instrument de spéculation ».
Le Bitcoin est une monnaie sécurisée, pourtant la place de marché de minage Bitcoin Nice Hash vient de se faire pirater et dérober le contenu de son portefeuille de Bitcoins, soit 62 millions de dollars (52,71 millions d’euros)…
Malheureusement, les plateformes d’échange sont parfois la cible de pirates qui s’attaquent au portefeuille Bitcoins. Les Bitcoins sont victimes de leur succès actuel.
Sources : Coinbase.com
Conversions de devises : xe.com
Vos commentaires
Bon article !!
(Il y a aussi le site bitstamp basé en Europe)
très intéressant.