Dans une autre vie j’ai eu la chance de développer un produit complexe : le Rhizome, une station de production musicale qui proposait un large panel de fonctions. Le plus grand challenge auquel nous avons dû faire face lors de sa conception était ce qu’on appelle aujourd’hui l’expérience utilisateur. Alors, quelle est la signification de cette discipline que l’on nomme également UX ?
Historique
Selon wikipedia (Français) l’UX serait née dans les années 2000. Les choses sont en fait un petit peu plus complexes ! Comme l’explique très bien le site uxbooth, les méthodologies et concepts qui sont utilisés dans cette discipline ont été construits par itération depuis le début du XXème siècle. La montée en puissance de l’informatique depuis les années 80 et les recherches sur le cognitif, les interfaces homme / machine et les méthodologies de conception ont permis de construire des techniques maintenant utilisées pour le développement logiciel.
Aujourd’hui les usages sont drivés par une évolution technologique exponentielle. On constate que les meilleures applications ont un point commun : elles offrent aux utilisateurs une expérience unique permettant très rapidement de répondre à leurs besoins. Cette tendance est devenue primordiale avec l’avènement du web 2.0, des tablettes et des smartphones sur lesquels la facilité d’utilisation joue un rôle central. Prenez deux populations bien distinctes, les seniors et les enfants, et mettez-les devant une tablette. Il est impressionnant de voir comment ils vont, dans un temps record, prendre possession de l’outil avec une aisance déconcertante. Je suis toujours frappé de voir mon enfant de trois ans glisser frénétiquement sa main sur l’écran du salon (pourtant non tactile). Pour lui, c’est une évidence, on peut bouger les éléments sur un écran !
Utilisabilité
Aujourd’hui quand vous achetez un produit, matériel ou logiciel, vous avez une exigence : ne pas avoir à ouvrir un manuel pour comprendre son fonctionnement. Et oui, pour les plus âgés d’entre vous, sachez que l’acronyme RTFM est passé de mode !
Pour cela le produit ou service doit proposer une expérience optimisée à son utilisateur et prendre en compte dès sa phase de conception que l’usage d’un objet fait appel à deux caractéristiques :
- son utilité, ce qui va vous permettre de réaliser une action.
- son utilisabilité, c’est à dire l’aisance avec laquelle vous allez pouvoir réaliser cette action.
Comparons deux objets : l’évier et le lave-vaisselle. Les deux vous permettent de réaliser la même action : laver vos assiettes ! Ils ont la même utilité. Maintenant, si comme moi vous n’êtes pas un grand fan de l’éponge, vous aurez sûrement constaté qu’un lave-vaisselle vous fait gagner du temps; c’est normal il a été conçu pour cela. C’est ça l’utilisabilité, c’est une caractéristique de l’objet lui-même qui représente sa capacité à exécuter une action avec efficience tant pour ses performances que pour la satisfaction qu’il peut procurer.
Revenons sur ce mot barbare “utilisabilité” qui n’existe pas dans votre Petit Larousse. Il est en fait la francisation du mot anglais “usability”, terme employé par les ergonomes anglo-saxons. Attention, il se traduit par ergonomie en français. Or le mot ergonomie est souvent employé à tort : c’est en fait la science dédiée à l’étude du travail humain.
Mais ça sert à quoi en vrai ?
Dans les grands groupes on aime bien développer des applications métier from scratch afin de répondre plus finement à son besoin. Malheureusement, les interfaces des logiciels développés sont souvent la dernière roue de la charrette. Il n’est pas rare de voir des développeurs et chefs de projet se concentrer sur les performances algorithmiques de leurs systèmes au détriment de l’utilisabilité et des interfaces graphiques allègrement délaissés par manque d’appétence !
Pourtant, selon l’excellent ouvrage Ergonomie des Interfaces, focus sur le développement applicatif, on a in fine tout à gagner à optimiser ces interfaces en impliquant dès le début l’utilisateur et en utilisant des outils et méthodes de conception orientés utilisateur.
Pour les développeurs, si on pense utilisateur dès le départ :
- On a moins de maintenance en bout de projet
- On optimise les échanges avec les utilisateurs
- On maximise la qualité
En tant qu’utilisateur on dispose d’une interface
- Plus simple à apprendre et plus rapide à utiliser
- Qui réduit le risque d’erreur d’utilisation
- Qui offre un confort d’utilisation
Du concept à la réalisation
Vous l’aurez compris, je suis personnellement convaincu par le concept 🙂 Vous aussi ? Je vous propose d’aborder dans de prochains articles les techniques et outils, et de vous fournir une méthode adaptée à des équipes qui n’ont pas forcément un service UX/UI dédié.
Afin d’illustrer mon propos nous allons partir sur la conception d’une application fictive : ExpenseManager, une application de gestion de note de frais.
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