Publié le 19/06/2025 Par Melody RAVOAHANGY

Dans un contexte de transformation numérique, le secteur bancaire a connu de nombreuses évolutions pour s’adapter. Il faut remonter aux années 2000 avec les premières initiatives numériques pour percevoir et comprendre qui sont les différents acteurs qui ont à la fois influencé et façonné le modèle bancaire d’aujourd’hui. Retour sur les prémices des évolutions, les stratégies adoptées et les tendances à venir qui vont façonner le secteur bancaire à l’heure du numérique. 

Image de l'article qui met en avant la banque à l'air du digital

Tout commence avec la généralisation de l’internet et des appareils mobiles ayant conduit à de nouvelles habitudes de consommation et, par extension, à de nouvelles attentes des usagers. En complément, l’émergence de nouveaux concurrents et d’acteurs innovants constituent un ensemble de défis majeurs face auxquels les banques devaient réagir et évoluer, bouleversant leur culture d’entreprise.

Qu’est-ce que la transformation digitale des banques ? Quelles sont les raisons de cette transformation ? Quelles stratégies les banques ont-elles adoptées pour se digitaliser ? Comment cette tendance va continuer à transformer nos banques ? Autant de questions auxquelles nous répondons dans cet article.

Qu’est-ce que la digitalisation de la banque ?

Vers la fin des années 2000, les principales banques en France créent la Fédération Bancaire Française (FBF). Sa mission : promouvoir l’activité bancaire et financière en France, en Europe et à l’international. Les banques françaises s’expriment alors d’une seule et même voix. Cette période est aussi portée par la démocratisation de l’internet et le remplacement de la monnaie nationale de douze pays européens par l’euro.

L’adoption de l’euro comme monnaie unique s’avère un projet majeur pour la FBF. Les banques ont dû se préparer intensivement à la fois pour :

  • Le passage à l’euro fiduciaire, avec la bascule des distributeurs automatiques de billets (DAB) vers cette nouvelle monnaie le 1er janvier 2002 ;
  • Et la création de l’espace unique des paiements en euro, le Single Euro Payments Area (SEPA) en 2008, pour faciliter et harmoniser les paiements en euros au sein de la zone euro.

Le cadre réglementaire du secteur bancaire évolue également avec l’adoption de nombreuses réformes telles que la Loi Murcef en 2001 pour améliorer les relations entre les banques et les clients (amélioration de la transparence tarifaire, simplification des informations contractuelles pour le client, droit de rétractation, création du médiateur bancaire), et la Directive sur les Marchés d’Instruments Financiers (MIFID I) en 2007 pour une meilleure protection des investisseurs.

Les relations entre les banques et les clients commencent alors à connaître des changements profonds et à se transformer. À partir de là, les banques mettent au cœur de leur stratégie la proximité avec leurs clients, devenus plus connectés dans leurs habitudes de vie avec l’accélération des avancées technologiques.

Ces changements réclament une adaptation de la part des banques qui s’approprient les nouvelles technologies pour innover. Dans ces changements, l’aspect humain et culturel est aussi à prendre en compte. C’est l’ensemble de ces changements que l’on appelle transformation digitale ou transformation numérique.

Qu’est-ce qu’une banque digitale ?

Dans un environnement en constante évolution, la digitalisation s’est imposée comme une priorité absoluée. Les banques et institutions financières ont alors employé des stratégies diversifiées pour numériser leurs services. Nous vous présentons les plus courantes ci-dessous.

Numérisation des services 

Face à l’évolution des usages et à la montée en puissance du numérique, les banques intensifient leurs efforts pour digitaliser l’ensemble de leurs services. La consultation des comptes, les virements ou encore la souscription de produits bancaires se font désormais en quelques clics via des plateformes en ligne de plus en plus performantes.

Parallèlement, les applications mobiles s’imposent comme des outils incontournables de gestion financière, offrant aux clients une autonomie accrue et un accès permanent à leurs données. Cette transformation vise à offrir une expérience client fluide, sécurisée et adaptée aux nouveaux comportements digitaux.

Transformation des agences physiques 

La transformation digitale entraîne une redéfinition du rôle des agences bancaires. Autrefois, l’agence bancaire représentait physiquement la banque pour réaliser les opérations telles que les retraits et dépôts d’argent, l’émission et la gestion de chèques, les transferts d’argent, les conseils et l’accompagnement des clients.

Avec la digitalisation, une partie de ces opérations peut être réalisée depuis un ordinateur ou un téléphone portable et les clients ont moins besoin de se rendre dans une agence. Certaines banques réduisent alors le nombre de leurs agences physiques ou les réorganisent pour devenir des espaces d’accompagnement, plus qu’un lieu de transaction. C’est notamment le cas en 2019 pour le Groupe Crédit du Nord, avec l’aménagement de certaines de ses agences en espace ouvert avec des grandes tables à partager, des « loges » avec canapé et télé, un mini-auditorium ouvert avec des gradins, et un open-space en fonctionnement « flex office » pour les salariés de l’agence.

Ces agences, appelées « Agora », viennent disrupter les agences traditionnelles. Elles deviennent « un lieu d’échange, de rencontre et de partage » selon Françoise Mercadal-Delasalles, ancienne directrice générale du Groupe Crédit du Nord. En effet, les agences Agora ont pour ambition de donner envie aux clients de venir en agence, pour maintenir une relation de proximité avec ces derniers.

Stratégie d’open banking 

L’open banking est un terme anglophone qui désigne le partage (avec l’accord des clients) des données bancaires collectées par les établissements bancaires avec d’autres sociétés de services telles que les startups.

Avec l’entrée en vigueur de la directive européenne DSP2 en 2018, qui oblige les banques à ouvrir leur écosystème, elles adoptent donc une stratégie de partenariats avec des fintechs pour intégrer de nouvelles technologies dans leurs services, sans avoir à tout développer en interne. Ces partenariats permettent de bénéficier de l’agilité des startups et de leurs services innovants tout en gardant la sécurité et la fiabilité des services bancaires traditionnels.

Sécurité et régulations 

L’adoption des technologies numériques nécessite une adaptation en matière de sécurité et de conformité. Les banques doivent donc renforcer leurs systèmes de sécurité pour protéger les données clients et répondre aux enjeux de conformité réglementaire imposés par le RGPD en Europe.

Bien que l’évolution des habitudes des consommateurs et l’apparition des néo-banques et des fintechs qui facilitent leur quotidien soient des moteurs d’innovation, la mise en place de ces évolutions dépend aussi des règles adoptées par Bruxelles.

Les grandes tendances à venir dans le secteur bancaire

La banque sans agence physique 

Les banques de détail s’orientent de plus en plus vers un modèle centré sur les services digitaux, avec une présence physique en forte réduction. Le recours croissant aux services en ligne, combiné à l’évolution des attentes des clients, pousse les établissements à repenser leur stratégie de réseau.

De nombreuses banques ferment progressivement leurs agences traditionnelles pour privilégier des canaux digitaux plus agiles, tout en maintenant un accompagnement personnalisé grâce aux outils numériques. Les banques de détail doivent par conséquent parvenir à un juste équilibre entre leur réseau d’agences physiques et le développement de la banque digitale.

Les néo-banques et la concurrence 

Tout s’est accéléré de manière exponentielle. Les pionniers des banques en ligne –

ING Direct (créé en 2000), Fortuneo (créé en 2000) et Boursorama (créé en 2002) – se distinguent d’abord comme des banques offrant des services à des prix attractifs, 100 % en ligne, et accessibles sans passer par une agence physique. Ces premières vagues bouleversent les modèles traditionnels et préparent le terrain à une nouvelle génération de banques : les néo-banques.

Aujourd’hui, l’écosystème est en pleine accélération. Des acteurs comme Revolut, N26 ou encore Green-Got viennent bousculer le marché avec des offres innovantes, souvent centrées sur la mobilité, l’instantanéité et, dans certains cas, l’impact environnemental. Green-Got, par exemple, se distingue en proposant une alternative éthique et écologique, où l’argent des clients ne finance pas les énergies fossiles, mais des projets durables.

Grâce aux données, les néo-banques proposent des outils de gestion budgétaire toujours plus intelligents et adaptés aux comportements de chaque client. Mais au-delà des services bancaires classiques, certaines néo-banques se positionnent sur des segments spécifiques tels que les jeunes, les travailleurs indépendants ou encore les clients non bancarisés.

Plus qu’une simple banque digitale, pour les néo-banques, l’innovation ne se fera pas au détriment des valeurs. Sécurité, transparence, sobriété numérique et finance responsable sont devenues des leviers concurrentiels majeurs.

L’essor de l’intelligence artificielle et de l’automatisation

L’intelligence artificielle joue un rôle central dans l’évolution future des banques. L’IA est une alliée. Elle sert à personnaliser les services clients, prévoir les besoins financiers, automatiser les tâches répétitives (comme la gestion des crédits ou la détection des fraudes), et fournir une assistance client via des chatbots pour automatiser les réponses aux demandes courantes.

La blockchain, une technologie en plein essor

Longtemps perçue comme une innovation en marge du système financier traditionnel, elle attire désormais l’attention des grandes banques, conscientes de leur potentiel disruptif. La blockchain, en tant que technologie de registre distribué, offre des garanties de sécurité, de transparence et de traçabilité qui séduisent de plus en plus d’établissements financiers.

Certaines banques explorent activement son usage pour sécuriser les transactions, réduire les coûts liés aux transferts internationaux et simplifier les processus de vérification.

Les cryptomonnaies 

Parallèlement, l’intérêt pour les cryptomonnaies, bien qu’encore mesuré dans le secteur bancaire classique, s’intensifie avec l’essor des stablecoins et le développement de projets de monnaies numériques comme l’euro numérique.

La Banque centrale européenne poursuit ses travaux pour proposer une version numérique de l’euro, accessible à tous, sécurisée et complémentaire aux espèces. Son objectif est d’offrir un moyen de paiement public adapté à l’ère numérique, notamment pour les paiements en ligne et mobiles, avec une réduction des délais de règlements, et la garantie d’une traçabilité des actifs.

Les paiements sans contact et biométriques

Les solutions de paiement sans contact et biométriques (par empreinte digitale ou reconnaissance faciale) devraient se développer pour rendre les transactions plus rapides et sécurisées. Ces innovations permettent non seulement de renforcer la sécurité, mais aussi de fluidifier l’expérience utilisateur en supprimant la nécessité de saisir un code PIN ou de sortir un portefeuille.

Ces changements s’accompagnent d’une montée en puissance des objets connectés : les montres, bracelets, et autres objets intelligents deviendront des moyens de paiement à part entière, intégrant des technologies NFC et biométriques.

Avec l’essor de ces solutions, les acteurs du paiement vont devoir investir dans la protection des données biométriques et dans des systèmes de détection des fraudes toujours plus performants.

La finance durable et l’inclusion financière

La transformation du secteur bancaire ne se limite pas à la digitalisation. Elle s’accompagne désormais d’un engagement fort en faveur de la finance durable et de l’inclusion financière, deux piliers qui redessinent les priorités des établissements financiers. Face à l’urgence climatique et aux attentes croissantes des citoyens, les banques s’orientent vers des produits d’investissement responsables, intégrant des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).

Ces offres permettent aux épargnants de financer des projets à impact positif : énergies renouvelables, logement social ou entreprises à mission notamment. La finance devient ainsi un levier pour accompagner la transition écologique et soutenir un développement plus équitable.

Parallèlement, l’inclusion financière s’impose comme un enjeu majeur, en France comme à l’international. L’émergence des néo-banques et l’essor des technologies mobiles permettent désormais d’élargir l’accès aux services bancaires pour des populations traditionnellement exclues : jeunes, précaires, micro-entrepreneurs, ou habitants de zones peu desservies par les agences physiques. Des solutions simples, accessibles depuis un smartphone, offrent aujourd’hui la possibilité d’ouvrir un compte, d’épargner, d’investir en bourse ou de réaliser des paiements à moindre coût.

Conclusion

Le secteur bancaire est à un tournant décisif. Face aux défis numériques, aux attentes changeantes des consommateurs et à l’émergence de nouveaux acteurs, les banques doivent non seulement adapter leurs modèles d’affaires, mais aussi anticiper les tendances de demain pour rester compétitives. La digitalisation continue d’ouvrir de nouvelles opportunités tout en imposant de nouveaux défis majeurs, notamment en matière de sécurité, de régulation et de gestion de la relation client. Portée par les attentes sociétales, la finance de demain sera non seulement digitale, mais aussi engagée, inclusive et tournée vers l’intérêt général.

Sources

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Auteur

Melody RAVOAHANGY

Diplômée d’une École Supérieure de Commerce (ESC Pau – Master Finance et Contrôle de gestion), elle a débuté en tant que Contrôleur de gestion dans un Groupe bancaire (Société Générale). Ayant une appétence pour les sujets transverses en Finance, elle a ensuite rejoint un cabinet de conseil où elle est intervenue en tant que Business Analyst chez BNP Paribas SA. Elle accompagne aujourd'hui Amundi sur différents projets.